La bouteille armoriée est entrée
en service aux premiers jours de mars 2002. C'est le printemps du
Kaefferkopf. Avec les amandiers en fleurs, toute une profession se
réjouit de la naissance d'un nouvel élément
paysager parmi les bouteilles de vin d'Alsace.
Le Kaefferkopf, tout oenophile
éclairé, en a entendu parler, ou mieux bu,
consommé et l'a probablement
apprécié.
Le Kaefferkopf, ce sont 64 hectares de vignes
exploitées par des vignerons (une
cinquantaine).
La configuration géologique de
l'appellation est soit argilo-calcaires, soit argilo-siliceuse. En
corrélation des cépages y croissent ; Gewurztraminer
principalement, mais aussi du Riesling, plus confidentiellement le
Tokay Pinot Gris.
Le Kaefferkopf est également un
assemblage fameux de cépages nobles comportant une
proportion minimale de 60% de Gewurztraminer. Cet assemblage, un
fer de lance de la production locale, est hautement
apprécié notamment dans les winstubs alsaciennes,
particulièrement à Strasbourg, ville de bonne chair
et de traditions. Mais le Kaefferkopf s'exporte et voyage
également très bien ! A quand l'aménagement
de petits pipe-lines de Kaefferkopf vers le Bénélux
ou les Landers allemands ?
Le Kaefferkopf et ses serviteurs, les
viticulteurs recherchent un label constant de qualité. Un
agrément obtenu lors d'une dégustation annuelle,
début septembre, permet à chaque vigneron
lauréat de l'agrément d'apposer une collerette
Kaefferkopf. Toutefois, la modernisation aidant, les collerettes
se multipliant, l'originalité de cette expression d'un
label de qualité devenait caduque.
Il fallait à notre Kaefferkopf une
nouvelle robe, un nouvel habillage. L'idée de la bouteille
armoriée a germé, puis s'est
concrétisée.
Cette bouteille, c'est une gestation puis un
accouchement à plusieurs. D'abord il fut question du module
: la flûte rhénane s'imposait. On a choisit la
couleur, pour trancher avec le vert classique, pourquoi pas une
teinte penchant vers la feuille morte, évocation de la
maturité d'automne, la surmaturation possible, ses rondeurs
probables, une élégance proverbiale
recherchée.
Le symbole identifiant le K . Alors
là, à présent que cela existe, cela parait
simple, mais le débat fut complexe, jamais houleux. Les
idées furent nombreuses, les réunions
animées, la créativité des confrères
s'est exprimée. Il y avaient des projets classiques :
feuille de vigne, grappe, de la poésie; Kaefferkopf =
scarabée = coccinelle.
On est revenu à une étude
calligraphique du K effectuée gracieusement par une
artiste. Denise Lach: Professeur d'Ecriture et de Calligraphie
à l'ECOLE DES BEAUX ARTS de BALE.
On avait également opté un
certain temps pour un K entouré d'un rayonnement du type
soleil ou ostensoir. Puis finalement, suite à une large
consultation, orchestrée par tous les membres de la
confrérie du Kaefferkopf, c'est le K tout simple et
dépouillé qui recueillit les suffrages.
Puis le cours de l'opération s'est
accéléré. Plusieurs verriers contactés
ont produit des modèles et des devis. On a discuté
stocks, dépôt et prix. La confrérie s'est
engagée à contracter un prêt. Les banques
sollicitées ont immédiatement adhéré
au projet et proposé des conditions intéressantes de
prêt. La plus offrante fut retenue, quoi de plus
logique.
La fébrilité gagne les
vignerons, ils n'en peuvent plus et vont voir leur bouteille
sortir du four (Société BSN Glasspack REIMS ), verre
incandescent, liquide flamboyant dressé, se solidifiant
définitivement pour devenir volume et contenant sur des
chaînes automatisées. La magie du feu opère,
l'espoir grandit, le projet se réalise, la fierté
est légitime.
La bouteille armoriée est là,
avec son K, en majuscule, simple et élégant, son nom
Kaefferkopf en toutes lettres formant un portique roman qui
l'identifie clairement et le protège par le
dessus.
Une charte
est proposée à chaque vigneron par la
confrérie. Cette charte comporte des volets techniques et
économiques.
Un agrément est toujours
nécessaire pour pouvoir s'approprier la bouteille comme
contenant et comme un véritable produit de marketing. Car
c'est bien ainsi que le projet a pu naître et prendre forme.
Une enquête tenue auprès des vignerons producteurs a
permis d'évaluer l'adhésion des
intéressés.
Les producteurs ont adopté le projet
car ils ont conscience de la nécessité d'être
présents et bien placés sur le marché et bien
en évidence à la vue des consommateurs. Les vins
d'Alsace sont en concurrence avec tous les bons vins du
monde...
Pour que l'opération puisse
fonctionner, s'autofinancer, promouvoir le produit et se
pérenniser, il fallait une moyenne d'adhésion
annuelle.
Après quelques jours d'existence, les
chiffres se situent au delà des estimations, ce qui est un
signe. Beaucoup de producteurs ont compris l'avantage qu'il
fallait tirer de cette nouvelle présentation et surtout que
cette nouvelle bouteille armoriée était un train
économique d'avenir à ne pas manquer.
C'est une belle histoire qui ne fait que
commencer ! ! !